mercredi 17 octobre 2012

Etre utile à ceux qui résistent !

coquelicot dans le bitume6 mois après la défaite de Sarkozy, la longue et monotone litanie des mauvaises nouvelles s’abattent sur les salariés, les jours se ressemblent, le collier fait de plus en plus mal, les traces qu’il imprime sur le corps social finiront par devenir de dangereuses plaies.

Comme Jean-Luc Mélenchon a raison de fustiger,  dans la dernière note de son blog, ce gouvernement si « dur avec les nôtres, si doux avec les autres ».

D’Arcelor-Mittal à Petroplus, de Technicolor à Ford les informations dégoulinent des pleurs et des cris. Derrière l’annonce de chaque plan social des femmes et des hommes tombent. Ceux qui trouvent la force  d’exprimer leur juste colère sont combattus sans merci, sans discernement.  Poursuivis pour avoir écrits « casse toi pauvre con » les cinq de Roanne  étaient  trainés lundi  devant le tribunal correctionnel de Lyon.  A Bordeaux notre camarade Philippe Poutou doit encaisser l’avertissement que lui  a décerné la direction de Ford Europe  pour avoir oser manifester au salon de l’automobile …

Mais mieux encore, ils viennent de passer un cap. Le rêve inavoué du MEDEF de détruire toute forme de contre pouvoir face aux délires de la toute puissance  entrepreneuriale  est en passe de se réaliser. La direction de Ford, oubliant dans le même élan les millions d’euros d’argent public recus  sans aucune contre partie réelle, s’est cru autorisée à tancer les élus qui, malheureux, avaient osé manifester aux cotés des salariés !

La guerre contre ce qu’ils appellent les corps intermédiaires n’est qu’une étape dans la guerre  totale qu’ils entendent imprimer dans la lutte déterminée qu’ils mènent en réalité contre toute les lois sociales de la République !

Le gouvernement qui vient de se lier solennellement  aux politiques austéritaires de l’Europe des Merkel et Sarkozy a purement et simplement abandonné toutes velléités  de  réaliser le changement. Pire, la série de reculade qu’il vient d’entamer, n’aura comme effet que de décupler les revendications réactionnaires de la droite, le coupant inexorablement du peu de crédibilité dont il jouit dans le monde du salariat.

Dans ces conditions le débat qui traverse les forces du Front de Gauche sur le rôle que doit jouer celui- ci dans le période est un débat fondateur. L’aspiration d’être utile au changement, comme le porte nombre de nos camarades et amis, ne saurait être balayée d’un coup de menton, elle correspond en réalité a un sentiment réel de la population qui espère de notre gauche et qui attend de celle-ci qu’elle pèse sur les choix du gouvernement socialiste.

La difficulté de cette position tient dans l’incroyable, impensable, inimaginsoumission.jpgable, reniement  qu’a opéré le gouvernement de Hollande en moins de 6 mois. Reniement tel, que les électeurs les plus avertis que nous sommes, nous qui avons voté pour Hollande comme le voyageur s’arrête refaire sa force dans un hôtel qu’il ne choisit pas, simplement parce que l’hôtel est sur sa route et qu’il s’agit d’une étape obligatoire  vers l’objectif, nous qui n’avons ni mégoté ni négocie notre contribution décisive à la défaite de la droite, même nous, nous méconnaissions, sous estimions l’ampleur que prendrait la soumission aux règles du néo-libéralisme.

Dés lors il serait catastrophique  de semer des illusions chez nos concitoyens, les choix que vient de prendre le gouvernement conduiront à l’échec, à la récession, au découragement.

Il faut prendre acte de la définitive coupure qu’il existe entre eux  et nous !

La période qui est devant nous doit permettre de dessiner clairement les contours de l’alternative que nous proposons. Les assemblées citoyennes ont été crées pour ancrer le Front de Gauche sur tout le territoire, dans nos quartiers, nos villes, nos cantons ruraux. Celles-ci doivent à nouveau offrir à toutes celles et ceux qui combattent l'austérité un espace de construction politique pour le débat et pour l'action.

front-de-gauche-2En annonçant qu’il ne voterait pas le budget, notre groupe à l’Assemblée Nationale  indique la voie qui doit être la notre : proposer une alternative crédible, concrète et radicale. Le projet de loi sur l’amnistie des syndicalistes déposé par les députés du Front de Gauche  est l’occasion d’ouvrir la voie des recompositions nécessaires !

Le changement de Hollande n’était qu’un slogan de campagne, et la campagne est finie.

Oui le rôle du front de gauche est d’être utile à ceux qui résistent.

Et bien sur,  dix fois bien sur, mille fois bien sur, le monde politique se divise en deux partis : les nôtres et les autres !

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Discours d 'Eric Coquerel lors du meeting improvisé à Lyon lors du procés des 5

 

Je n’imaginais pas que 5 mois après la défaite de celui dont nos cinq camarades ont exigé le départ sur un mur de Roanne, nous soyons de nouveau appelés à les soutenir devant un tribunal. Avec Jean-Luc Mélenchon mais aussi Corinne Morel-Darleux et Elisa Martin, conseillères régionales Rhône-Alpes qui ne pouvaient pas être là aujourd’hui, tous signataires du comité de soutien, nous demandons pour commencer une chose simple : leur relaxe pure et simple !

Je souhaite rappeler le contexte de leur première condamnation. C’est celui d‘une criminalisation du mouvement syndical et social visant à l’intimider. Faut-il rappeler les syndicalistes de La Poste de Nanterre passant en jugement en 2011 pour avoir occupé un local ? Xavier Mathieu condamné en février 2012 pour avoir refusé un test ADN, les deux responsables CGT d’Alès accusés des mêmes maux qui passeront en jugement en novembre prochain ? Comme si des syndicalistes défendant l’emploi devaient subir le traitement que l’on réserve aux criminels ?

A leur manière ces syndicalistes qui ont lutté contre les patrons voyous, pour la préservation de l’emploi, contre la casse de notre système de retraite ont largement contribué à la défaite de Nicolas Sarkozy. Et comme la quasi totalité d’entre eux et 60 % de salariés, ils ont de nouveau, pour de bon cette fois, défait le président sortant en votant François Hollande. On peut donc dire que ce sont doublement des ayants droit de la volonté de changement exprimée en mai dernier.

Il est donc plus que surprenant qu’en réponse à la lettre du comité de soutien des cinq syndicalistes demandant leur relaxe, le nouveau président élu est cru bon en retour évoquer l’indépendance de la justice. Le procureur qui a exigé une sentence et fait appel ne représente-t-il pas le ministère public ?!?

Nous disons nous que justice doit être rendue à ceux qui ont défendu l’emploi et nos conquêtes sociales et qui ont finalement obtenu ce qu’ils ont écrit sur les murs de Roanne.

Plus largement nous exigeons du gouvernement qu’il dépose enfin une loi d’amnistie pour tous les syndicalistes. Quand nous réclamons des lois sociales, le gouvernement évoque la situation économique pour les refuser ou les reporter. Mais là qu’il ne nous tienne pas pareil discours : il ne peut justifier aucun coût pour refuser cette loi.

Il s’agit d’ailleurs d’un engagement de François Hollande qu’il a confirmé à Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard le 5 juin dernier lors de leur visite à l’Elysée. Qu’il tienne au moins cet engagement.

Au delà il faut de nouvelles lois pour donner plus de pouvoir aux salariés et une meilleure application de celles existantes pour les protéger. Car il y en a besoin.

Il se trouve que ce week-end, la fondation Copernic en lien avec la CFTC, CGT, FSU, FO et Solidaires, a lancé un observatoire de la répression et de la criminalisation du mouvement syndical. Il en tire pour premières conclusions que 4 salariés sur 10 disent ne pas vouloir se syndiquer par peur des représailles. Que de 2000 à 2006, on énumérait 100 condamnations par an pour entrave à la représentation du personnel dont le code pénal prévoit qu’elles peuvent aller jusqu’à 3 ans de prison. Or depuis 2010 il y en a moins de 40 par an dont 5 seulement avec des peines de prisons avec sursis. A l’inverse de plus en plus de syndicalistes sont harcelés, discriminés, envoyés par les patrons devant le tribunal pour différents prétextes.

C’était le cas il y a quelques jours de Gérard Cazorla, leader des Fralib, accusé par Unilever « d’atteinte à l’honneur d’Unilever ». On croit rêver venant d’une multinationale qui a décidé de rayer de la carte l’entreprise de Géménos. A quand une loi qui défendent l’intérêt des salariés ?

Oui il faut plus d’inspecteurs du travail.

Oui il faut des lois pour de nouveaux droits aux salariés à commencer par le droit de véto contre les licenciements et de préemption pour récupérer les entreprises dont les actionnaires jettent la clef sous la porte.

Il faut une politique qui réponde aux intérêts des salariés et pas du MEDEF. Qui tourne le dos à l’austérité qui s’accompagne toujours de la répression du mouvement social comme la Grèce ou l’Espagne le montrent.

Quelques centaines de soi-disant entrepreneurs ont fait reculer le gouvernement qui entendait taxer leurs reventes spéculatives. Nous lui disons, ce n’est pas encore menace mais une alarme, que nous sommes beaucoup plus nombreux et que si l’on nous prend pour des pigeons nous saurons nous mobiliser dans la rue comme nous l’avons prouvé le 30 septembre et 9 octobre.

Il ferait donc bien d’entendre ce que tous ensemble nous crions ici : relaxe immédiate pour