lundi 3 septembre 2012

Il faut « recomplexer » la droite….

complexe.jpgC’est une évidence qui devrait sauter aux yeux du plus mollasson des socialistes, le piège dans lequel ils sont embourbés finira par les engloutir dans le même mouvement qu’il écrabouillera nos espoirs, brisera nos luttes, moudra nos acquis….

S’il y a bien deux orientations à gauche, il y a, c’est une évidence, désormais une droite réunifiée ayant accompli le rêve de la nouvelle droite mêlant les apparences d’un discours populaire aux sombres desseins les plus réactionnaires, malaxant le discours de la Liberté pour créer une novlangue, véritable catéchisme, au service exclusif de l’enrichissement sans fin de ceux qui possèdent déjà.

Cette véritable position dominante du  discours, cette hégémonie philosophique du libéralisme  est la pièce maitresse du dispositif de la droite européenne, la  présence répétée du Président de la République à Berlin s’assurant à chacune de ses propositions de l’approbation du kaiser du libéralisme européen, le défilé des ministres de la « gauche » aux universités d’été du MEDEF radieux et satisfait en attestent parfaitement.

Les campagnes présidentielles et législatives du Front de Gauche ont commencé le travail de décomplexions de la gauche, par son message d’Egalité, de Fraternité et de partage, Jean-Luc Mélenchon a su toucher au delà des sphères conscientes de la gauche qui résiste…. Nous connaissons tous, nombre d’électeurs  du premier tour de François Hollande,  que notre campagne avait gagné et que la peur a de nouveau enfouie dans le marasme d’une alternance à  la papa !

«  Et on était passé ou ? Ou on était disparu tout ce temps ? On se manquait, on s’espérait, on s’est retrouvé ! »

Au delà de l’émotion restée intacte, du mot juste délivré au bon endroit, sur cette place de la Bastille redevenue rouge des drapeaux de ceux qui se battent pour le bien commun, nous n’avons pas fini de mesurer l’importance de cette  envolée…

Les meurtris de 1983, les battus de 1986, les humilies de 1993, les transis de 2002 et les cocus de 2007 ont ce jour là entraperçu la possibilité  renouvelée de la reconstruction d’une gauche de rupture, une gauche de transformation, d’une gauche qui change la vie….

Cette étape franchie, il nous reste à reconquérir la maitrise du sens des mots… c’est le combat indispensable de ce que j’appelle la « recomplexion » de la droite.Melenchon-a-la-Bastille_pics_390.jpg

Prenons trois exemples  ou le  catéchisme libéral ancré dans leurs pauvres têtes empêche de donner tout contenu concret au discours du changement….

L’intuition laïque de Vincent Peillon….

A peine avait-il  fini d’énoncer l’inclinaison laïque que l’on doit donner à toute politique d’émancipation éducative que le grand jeu de la confusion  du sens, du détournement des mots étaient à l’œuvre. De Natacha Polony à Jean Pierre Chevènement en passant par Claude Allègre, tous ont cru malin de fleurir leur commentaire sur ce que le ministre a appelé la morale républicaine  de mesure aussi importante que le fait de se lever quand le professeur rentre, de chanter la Marseillaise, ou de porter le tablier… autant de confusions qu’il serait plus normal de placer dans une logique de retour à l’ordre moral que dans une politique de morale républicaine susceptible de créer le conditions de l’émancipation. C’est pourtant le véritable sens des propos de Peillon.

Dés lors que ces confusions viennent de gens classés à gauche alors la droite peut en rajouter une couche. Ainsi dans Lacroix de ce matin, vous pouvez lire, l’analyse puante  de Xavier Lacroix qui s’honore du titre imaginaire de  « professeur de théologie morale »  -restez courbé mon petit- et qui écrit : « Une morale commune devrait pouvoir oser rappeler le sens du mariage et présenter la différence sexuelle entre père et mère comme un bien commun »,  plus loin faisant exprès de tordre, de déformer et de tirebouchonner les propos du ministre il dit se réjouir du retour de la « morale » tout en prenant soin de mettre en garde sur le retour « d’une éthique libérale et minimaliste », entendez une critique perverse de l’égalité des droits et de l’égalité homme-femme tout court !

La nécessaire réforme fiscale….

Le gouvernement ne sait pas par quel bout la prendre, les tergiversations de Cahuzac sur la tranche de 75%, les exonérations de telle ou telle catégorie, et les débats sur le curseur sont partageautant de circonvolutions qui sont la marque d’un oubli coupable. La marque de l’abandon de l’intérêt pour les salariés, les discours sur la compétitivité, le coût du travail, la flexibilité, l’allongement du temps du travail sont autant de balivernes ingurgitées par la bien-pensance social démocrate alors  que le devoir essentiel est de répondre aux attentes des travailleurs et des salariés. Ils sont plus de 90% de la population active, c’est eux ouvriers, techniciens, ingénieurs, fonctionnaires qui produisent la richesse de notre pays, et se voient déposséder de la part qui leur revient… au lieu de se lamenter sur leur cote de popularité qui s’effondre les socialistes au pouvoir feraient mieux de prendre les mesures nécessaires pour répondre  aux attentes de ceux qui pourtant votent pour la gauche à prés de 70%.

Il faut répondre à leur aspiration plutôt que d’écouter les sornettes du MEDEF, il faut faire entrer dans les têtes que l’intérêt de la classe ouvrière est bien l’intérêt général. En osant une reforme fiscale dont le but affiché serait de redistribuer les richesses, la gauche repousserait la droite dans la niche qu’elle n’aurait jamais du quitter, celles de ceux qui défendent les intérêts minoritaires d’une part  minoritaire de la société : les possédants.

Enfin, la nécessaire régularisation des  travailleurs sans papiers…

« Etre de gauche ce n’est pas régulariser tous les sans papiers » écrivait Manuel Valls avant de se jeter dans une effroyable chasse aux malheureux Roms. Sans doute la gauche ne peut pas se définir ainsi, mais ne pas le faire n’atteste pas non plus du contraire….

Il y à là, une acceptation désastreuse de la dérive xénophobe, égoïste et stupide que la droite imprime sur toute la société. En affirmant qu’il y un lien entre les difficultés économiques du pays, le mal être que connaissent nos concitoyens tondus par le chômage et la présence d’une immigration de travail, le ministre de l’intérieur des « socialistes » autorise et valide  toutes les sottises que déblatèrent ensemble droite populaire et front national !fraternite.jpg

D’abord toutes les études le montrent, il n’y a aucun lien entre l’immigration et le chômage ! Pire alors  que la droite au pouvoir expulse à tour de bras, le chômage ne cesse d’augmenter. Ne pas régulariser les travailleurs sans papier c’est assumer l’idée que l’on peut chez nous travailler sans droit… une sorte en vérité d’esclavage moderne….

L’image de père fouettard que se donne Valls, l’allure de père vertueux  de ceux qui confondent ou feignent de confondre l’émancipation laïque et la morale des dominants, les airs de père la rigueur de ceux qui ne bougent pas un petit doigt sans l’approbation de Madame Merkel sont les éléments constitutifs de la victoire idéologique de la réaction….

Recomplexer la droite pour la remettre à l’endroit que le contenu de ses politiques colporte, c’est rassembler la gauche derrière ses valeurs à la première des quelles se trouve l’Humain d’abord !