lundi 28 octobre 2013

Mon Sébastien Laborde que j’ai !

229401 4581070606771 1571742892 nC’est avec un grand plaisir que j’ai découvert, en cette fin de Dimanche après-midi, ta  lettre ouverte à Jean-Luc Mélenchon. Comme c’est au travers de sa personne que tu souhaitais t’adresser à l’ensemble des militants du Parti de Gauche,  je me sens autorisé de cette belle qualité, pour essayer de te répondre point par point,  juste afin que l’avenir que nous pourrions envisager ensemble ne soit pas,  ne repose pas, sur de petits malentendus !

Mon Sébastien Laborde que j’ai…

Tout d’abord te remercier très sincèrement de te faire l’exégèse érudit de notre texte de congrès, mais il semble dés le début que tu te méprennes. Si, en effet, notre congrès publiait une liste non exhaustive de villes où nous souhaitions d’ores et déjà impulser des listes autonomes du Front de Gauche, à titre d’exemple, notre congrès affirmait bien :

« Le 3ème congrès du Parti de Gauche a confirmé la stratégie d’autonomie rassembleuse et conquérante. Elle s’exprimera dans les deux échéances électorales de 2014, municipales et européennes. C’est pourquoi le Parti de gauche travaille dès maintenant à la concrétisation de cette stratégie lors du scrutin municipal partout où c’est possible en France. Dans les semaines à venir, dans toutes les grandes villes pour commencer, le PG va localement prendre contact avec ses partenaires du Front de Gauche et tous ceux qui, à gauche, refusent la politique d’austérité du gouvernement, pour avancer sur ces listes. D’ores et déjà, en comptant sur ses forces et ceux de ses partenaires qui se sont déjà montrés disponibles pour cela, il a établi une première liste de 60 villes qui répondront à cette ambition. Parmi elles les dix plus grandes villes française et déjà 17 des 21 capitales régionales. »

Il est donc inutile de tordre nos propos,  il est inutile de leur faire dire autre chose que ce qu’ils disent.

La stratégie était alors bien arrêtée, nous n’en avons pas changé, ni collectivement, ni individuellement !

Là où nous avons un véritable différend, c’est lorsque tu affirmes que : « L’objectif des communistes en Gironde est, comme dans tout le pays, de faire élire dans les municipalités, des majorités de progrès qui mettent en place des politiques qui répondent aux besoins des gens et qui affrontent les politiques d’austérité en France et en Europe. Il est de battre la droite et l’extrême droite et les empêcher de conquérir des villes, il est enfin d’avoir le plus d’élus communistes et du front de gauche pour que le 31 mars, les citoyennes et les citoyens puissent compter sur des hommes et des femmes de combat, libres, ambitieux, refusant l’idéologie dominante et portant dans les institutions les aspirations populaires à vivre mieux. »

Nous ne savons pas ce que signifie le terme majorité de progrès. Nous cherchons, nous, des majorités de rupture avec l’austérité. Nous ne savons pas ce que recouvre le concept d’élus communistes qui seraient élus avec l’ensemble de la dynamique du Front de Gauche sur les listes de tel ou tel parlementaire qui soutient la politique du  gouvernement.

L’argument que tu donnes ensuite pour illustrer cette stratégie est celui de la « belle et rebelle » Bordeaux,  terre de résistance mais aussi terre sombre du  théâtre de la liquidation de la République.  

C’est pourquoi, nous dis-tu,  les communistes de Bordeaux  ont fait le choix de « constituer une liste de large rassemblement au premier tour, initiée par le Front de gauche, et conduite par Vincent Maurin, président du groupe communiste à la mairie de Bordeaux. »

Les communistes pensent qu’à « Bordeaux les conditions sont réunies pour faire une belle campagne du front de gauche, contre l’austérité, pour des solutions de progrès et qu’elle peut être utile à porter le plus haut possible le score de la gauche face à Juppé. »

Nous pensons la même chose, parce qu’en effet nous sommes la gauche !

Mais nous disons haut et fort et dans le même temps que les communistes, avec les mêmes arguments, devraient penser de la sorte à Mérignac, à Pessac, à Lormont, à Villenave d’Ornon, à Cenon, à Blanquefort, à Floirac, à Libourne, à La Teste… bref partout où, d’une manière ou d’une autre, les chefs de file des socialistes ne sont pas en capacité de porter une protestation crédible aux politiques néfastes que nous combattons ensemble.

Nous pensons qu’il n’est pas utile de rajouter de la confusion à la désillusion.

Je te le dis tout net, nous ne comprenons rien à cette conduite qui fait du Front de Gauche un taxi, un coup combattif et autonome, un coup soumis et lié aux socialistes locaux !  

S’il n’y a pas, comme tu le dis, et j’ai toutes les raisons de te croire,  deux stratégies au PCF. S’il n’y pas, d’un coté ceux qui  veulent en finir avec le Front de gauche et de l’autre ceux qui veulent le prolonger. Si comme tu le dis l’ensemble de ton parti partage la même analyse en la faisant concorder par les deux bouts d’une tactique incompréhensible pour nous et le plus grand nombre.

Alors nous avons un vrai désaccord sur le rassemblement que nous cherchons !

Le rassemblement que nous voulons construire se fait d’abord sur la base du refus des politiques d’austérité. Et comment faire autrement que de les dénoncer ?

Tu reviens ensuite assez malignement sur la dénonciation du « parler cru et dru » qui serait le nôtre, affirmant au passage qu’il n’empêche en rien au Valls, Mosco  et autres de continuer à nuire !

Sans doute ami, mais il faudrait encore me démontrer que faire liste commune,  très poliment, avec ceux-là même qui les soutiennent bec et ongles  constitue une tactique plus judicieuse !

Le Front de Gauche n’est pas le taxi électoral des organisations qui le composent, il est bien une dynamique populaire qui transcende les intérêts partisans des nains que nous sommes !

Comment le Front du peuple que nous cherchons ensemble pourrait se reconnaître dans nos petites piques, nos sous-entendus, nos phrases qui ne parlent qu’à nous-mêmes :

« Nous avons dans le même temps recherché les formes nouvelles que pouvaient prendre l’action politique, des formes novatrices et révolutionnaires ou l’agressivité, la violence, le fait accompli, les rapports de domination et l’argument d’autorité n’ont pas lieu d’être. »

Il n’est pas besoin de parler cru pour se faire bien cruel !

Il n’y a qu’une seule façon de rassembler ceux qui partagent notre volonté, c’est d’isoler ceux qui la combattent !

Oui,  nous pouvons  rassembler tous ceux qui désespèrent du changement, seulement en leur offrant tout cru le visage de la sincérité et en livrant tout dru nos arguments contre l’austérité !

Oui nous pouvons rassembler tous ceux qui veulent du changement à condition de le leur proposer.

Il y a, à Bordeaux et dans toute sa communauté urbaine,  des militants, des citoyens, des associations qui en attendent l’offre et qui sont prêts à impulser des dynamiques nouvelles susceptibles de donner un nouveau visage à notre élan !

Celle-là passe par des engagements clairs, pour mettre fin à la cogestion de la communauté urbaine où les vice-présidents communistes siègent aux cotés d’Alain Juppé, celle-ci passe par des engagements clairs sur la gratuité des transports, le retour en régie, la dénonciation des délégations de services publics, cela passe par des engagements clairs contre les PPP et les montages hasardeux qui autorisent des grands stades, cela passe par un débat sur le fond, non pas sur le nombres d’élus que peut avoir le PCF ici ou là, leur dévouement et leur utilité n’est pas en cause, mais sur la force que donne l’autonomie  à ces mêmes élus !

Nous voulons des élus plus forts !

Oui, il nous faudra à Bordeaux, oui il nous faudrait dans toute la CUB, à Libourne, à la Teste, il nous faudrait, dans les prochains mois, travailler au rassemblement le plus large possible pour qu’émergent partout des mouvements, des listes, qui portent la vocation déterminée de ceux qui s’opposent à la politique du gouvernement  et qui le disent !

Oui, il nous faut combattre les dérives sécuritaires autrement qu’en soutenant le Maire de Libourne et ses flics municipaux armés comme des Robocops.

Oui, il nous faut combattre le conservatisme des candidats socialistes. Je te donne en exemple celui de  Mérignac, auteur de l’amendement au sénat  qui minimise la loi d’amnistie pour les syndicalistes.

Oui, il nous faut combattre les relents populistes du Maire de Cenon lorsqu’il demande à l’Etat de prendre en charge l’hébergement des Roms de sa commune !

Oui ! oui ! oui ! Il nous faut être cohérents !

Sur tout cela nous sommes d’accord, mon cher Sébastien Laborde que j’ai…

Mais, par un raisonnement que je n’ai toujours pas compris, des communistes, au nom du Front de Gauche, accompagneront ces socialistes au nom d’un rassemblement qui, force est de le constater, nous divise !