Celui qui suit la norme est un homme normal. Conforme. Fidèle à ce que l’on attend de lui. Le trait de communication géniale du candidat Hollande avait été de déplacer le débat politique qui s’imposait lors de l’élection présidentielle (austérité ou non) sur l’aspect psychologique des choses.
Avec cette trouvaille publicitaire de « Président normal », il disqualifiait par déduction patente l’agitation patraque et irrépressible de Nicolas Sarkozy, l’agitation libidineuse de Dominique Strauss-Kahn.
Ce faisant il dépréciait aussi toutes les tentatives de discours argumenté contre la fatalité de la crise, car il est particulièrement anormal de ne pas se soumettre aux règles de la modernité mercantile, du mondialisme libéral, de l’adoration des richesses financiarisées.
C’était un coup de génie, un coup gagnant.
Nous n’avions rien à attendre de lui, puisqu’avec ce slogan, tout était dit, ce Président là, ne servirait à rien, il suivrait les règles comme un comptable s’accroche à son plan. Comme une planche flotte au gré des courants.
Adapté à la dérive autoritaire des marchés comme le cafard qui se nourrit des restes et des déchets des cuisines mal-tenues.
Et la cuisine et mal tenue. Hollande est nul, un zéro, un cancrelat. Normal. Tout le monde le sait. Les barons du PS voulaient gagner cette élection, c’était le seul but, pourquoi faire ? Personne ne se pose la question. Il suffira de quelques sondages mi-figue mi-raisin pour entrainer la défaite de Martine Aubry dans la primaire. Le simple fait qu’elle dessine au crayon pourtant tout fin une politique un tant soit peu volontariste la condamnera au rang d’extravagante.
En nommant Valls comme ministre de l’intérieur, c’est évidemment, ajouté à tout ce qui suivra, la démonstration éclatante d’un abandon pur et simple de toute velléité de rectification de l’inclinaison de la société. Il y a pourtant des attentes dans la police républicaine. Elle n’aurait pas rechigné à retrouver un ministre digne et exigeant avec l’éthique républicaine comme a su l’être un Pierre Joxe.
Au lieu de cela, on continue, les mêmes délires, les mêmes chasses, la même mise à l’index, on applique la méthode Sarkozy au pied de la lettre, exactement de la même façon que l’on suit un plan Ikea pour monter une commode et s’apercevoir à la fin, épuisé et trépignant, que ca ne marche pas !
La visite à Dijon est une belle démonstration de cette règle crasse. Bruno Mazure vient de prendre ses fonctions de grand communicateur de la présidence quand lui vint cette intuition de renouer le fil avec la normalité.
Déplacement dans les rues, avec bains de foule et plein de gens normaux qui ont encore leur carte au Parti Sournois, une petite centaine de flics déguisés en gens normaux, une vingtaine de gros bras normalement infiltrés dans le troupeau des figurants et la promenade du président au pays de la moutarde devrait lui occasionner une belle journée normale au pays des ravis !
La méthode Sarkozy à la lettre. Pas une virgule de changée, pas un soupçon de sincérité dans ce déplacement, tout est affaire de professionnel de la com.
Mais il y à le peuple. Cet impondérable, cet incontrôlable. Cet aberrant qui espère la dignité, cet alogique qui réclame son du, cet étonnant qui veut se soigner, cet excentrique qui veut vivre, cet inhabituel qui rêve de changement, ce paradoxal qui a chassé Sarkozy, ce pathologique qui revendique.
Le peuple si singulier, qu’il n’accepte que la norme qu’il a choisi lui même depuis qu’ayant gouté aux délices extravagants de la grande révolution.
Nous n’attendions rien de François Hollande, nous voulions chasser Sarkozy, avant d’édicter de nouvelles normes, c’est que nous appelons la VIème République. Nous n’attendions rien, mais nous n’attendions pas ca ! Il fait bastonner ceux qui ont voté pour lui et qui ont cette outrecuidance de demander des comptes !
Adapté à la dérive autoritaire des marchés comme le cafard qui se nourrit des restes et des déchets des cuisines mal-tenues. Hollande est un cafard.