mardi 12 février 2013

Chemin de martillac

78326960 oLe début de la semaine fut particulièrement rude.Un moment je me suis cru assommé par l'accumulation perfide d'un amas improbable d'emmerdes dispersées.

Le perfide qui sournoise, les deserteurs qui fuient,le balourd qui niaise... L escroc escroque et l'ami  qui te manque!

Un sale moment.

Une vraie tentation papale m envahit. Moi , qui n ai pas les moyens de Venise, moi qui n ai pas le gout du monastère.

C'est donc tout naturellement, comme j'en connais depuis longtemps la vertu, que hier soir,  ou plutôt en fin d apres midi, je prenais le temps de marcher chemin de Martillac.

Juste avant que la nuit ne tombe, ce chemin qui va de là à là, ressemble a un galon delicatement cousu entre vignes, prairies et sous bois. C est un chemin banal, presque désolé. Pourtant ceux qui l arpentent decouvrent avec satisfaction l'adoucissement de leur chagrin.

En traversant un petit ruisseau, il s'appelle l'eau blanche,  vous passez soudainement dans un entre deux délicieux. Cest exactement ce moment, ce lieu, cette lumière que le promeneur averti vient cueillir. Juste là, plus tout à fait  exactement à Villenave d'Ornon, pas encore à Leognan mais déjà  sur la route de Martillac.

En passant devant le chateau de Couhins, j'aspire a la bourgeoise tranquilité qu inspire la confortable bâtisse...mais en traversant les vignes glacées, voila que je songe à nouveau au supplice de l ouvrier agricole .

Quand apparrait la fille du chemin de Martillac, c'est à une vie de bohéme que la promenade m'invite. La petite centaine de métres que nous ferons ensemble est l' assurance absolue du fantastique caractère du lieu.

Nadia, puisque c est son nom, me connait.Ou plutôt elle sait que je suis conseiller municipal a Villenave d'Ornon, elle est aussi lectrice de ce blog. "J'aime comment tu te mets en colère"... C'est presque à rougir.

Ses mains sont celles de quelqu'un qui taille, fagote, plie.Ses yeux sont ceux de celles  qui revent sans se cacher.bsfa.jpg

ils brillent bleus du souvenir noir de ses cheveux qui portent fierement le courage  de ceux qui ont quitte l autre rive de la méditerranée.

Je n en saurais pas plus...

Elle habite là... Et ses enfants l appellent déjà. ..

Juste le temps de voir  sa  bicoque désolée, juste le temps de comprendre qu' Ali son mari est mort l' an passé. .. Qu il avait 47ans,du diabete, et qu il s'était fâché avec les patrons...

Le début de la semaine fut particulièrement doux, un moment j ai cru que tout cela était une operette d offenbach... Le perfide m'indifferait, le deserteur pouvait bien decamper, le balourd me bidonnait, l'escroc était démasqué. ..

Sur le chemin de martillac....je continue de marcher.