lundi 7 janvier 2013

Un Esprit torturé…

PicassoMassacreCoree.jpgAinsi donc j’en accepte l’assertion sans contestation et sans dissimulation. Dans l’étrange marais des mousses rouillées et vertes, c’est au coté du balourd et du benêt, de l’engourdi et du pataud que je promène.

Les adroits et les habiles, les calmes, les modélistes aux ciseaux d‘argent gèlent les rêveries. Le pragmatisme glace les os, nuits de plombs et soleils noirs écrivent l’histoire  calculette en main, ils atomisent nous souffrances, extirpent les vendanges  de notre soif. Fakirs  orientaux, exotiques et butés, l’or que vous transformez plombe l’avenir de ceux qui espèrent…

Torturé mon esprit par la marque d’un trait de Picasso à la une d’un journal que l’on déchire. Défiguré, déformé, dénaturé mon espoir fraternel  d’une rêverie étrange  qui s’émanciperait de la ruse de nos maitres…

Ecartelé mon esprit par le morcellement de l’union nécessaire, inévitablement indispensable. Dans le plumier une boite, dans la boite une trousse… et là bien rangés, les mots qui prouvent et qui cautionnent. Les exposés, les anecdotes et les intrigues.  « Le socialisme de Jaurès ne peut aller à Moscou la corde au cou et la tête couverte de cendres »…  Tourne la salle des manèges de l’abbaye de St Julien…

Supplicié mon esprit  de tant de pics plantés dans le glacis. La banquise se réchauffe mais les pingouins feignent de ne rien voir et de ne rien entendre. C’est comme ça les animaux de compagnie on les croit dociles et fidèles alors qu’au fond ils ont décidé de tromper leur ennui en accordant leur  attachement juste pour traverser avec l’indifférence nécessaire à l’exercice, ce monde absurde et vide de sens, à la limite du sordide.

Torturé l’esprit  de l’irrémédiable damnation de ceux qui font la terre et sa rotation, assiégé jusqu’au plus profond de l’estomac du sublime loupé quotidiennement renouvelé. Je ne fais pas parti des fiers, des adroits, des habiles… de ceux qui calculent… continuez d’être heureux de vos petits profits. picassoStalineAtasante.jpg

Détruisez nos espoirs sans nous  faire aucun mal. Élevez vos cœurs, mes kamarades, au fond c’est là que ca se passe…

Peu importe  l'histoire, l’année et l’heure…

Torturé, monsieur le Marquis, Penchez-vous donc   sur ce qui se brise. La glace recouvre le chenal et le vieux, je m'enfonce dans mon fauteuil, jusqu'à cette eau. Vivez  donc   Innocents et paisibles. Esprits simples et droits que j’envie vos matins… Vos certitudes, Votre rectitude…

« Que croyez-vous que soit un artiste ! Un imbécile qui n’a que des yeux s’il est peintre, des oreilles s’il est musicien ou une lyre à tous les étages du cœur s’il est poète, ou même, s’il est un boxeur, seulement des muscles ? (...) Non, la peinture n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre offensive et défensive contre l’ennemi. » Écrivait le grand Picasso

La chevelure n’est pas une couronne, le regard doit être bienveillant…  si tel n’est pas le cas, ce n’est pas Staline… ce n’est pas lui …. Vous avez l’esprit bien trop torturé….

Bien après les années 30, le 18 mars 1953, un matin clair, droit, calme mon grand-pére lisait l'Humanité:

picassoPortraitdeStaline-copie-1.jpg« Le Secrétariat du Parti communiste français désapprouve catégoriquement la publication dans Les Lettres françaises du 12 mars du portrait du grand Staline par le camarade Picasso. Sans mettre en doute les sentiments du grand artiste Picasso dont chacun connaît l’attachement à la classe ouvrière, le Secrétariat du Parti communiste français regrette que le camarade Aragon, membre du Comité central et directeur des Lettres françaises, qui, par ailleurs, lutte courageusement pour le développement de l’art réaliste, ait permis cette publication. Le Secrétariat du Parti communiste français remercie et félicite les nombreux camarades qui ont immédiatement fait connaître au Comité central leur désapprobation. Une copie des lettres reçues sera immédiatement adressée aux camarades Aragon et Picasso. Le Secrétariat du Parti communiste français demande au camarade Aragon d’assurer la publication des passages essentiels de ces lettres qui apporteront une contribution à une critique positive. »