samedi 13 avril 2013

Où j’ai mis mon balai ?

8483983076_9953a2cd5b.jpgQuand une semaine ou que la fête se termine, quand le printemps arrive, que le chien a fini de passer et repasser sur les carreaux de la cuisine, quand les feuilles sont mortes et jonchent les avenues de promesses gelées en bourgeons enfouis, quand le début n’est pas là mais que la fin est déjà annoncée, alors il faut s’y résoudre, c’est bien d’un balai dont nous avons besoin !

Un balai  du nom de Februs, février chez les Romains, qui célébraient le mois de la purification.Les citoyens qui s’emparent de la chose publique lui préfère souvent le mois de Mai, qui honore lui la déesse maïa, cette « petite mère »  qui désigne affectueusement la grand-mère, la nourrice, la sage- femme ! Le mois de Mai est donc une représentation féminine de la création !

Quand il y a déjà quelques années Ségolène Royal parlait ainsi : « « Il y aura du ménage à faire. Et ce n'est pas plus mal que ce soit une femme qui soit élue pour faire le ménage. Un bon coup de balai, et hop !»  Les gros lourds de la presse à commentaires s’étaient spontanément horrifiés  du machisme médiéval de la pauvre Ségolène !

Quand il y a quelques jours, Jean-Luc Mélenchon reprend à son compte la métaphore du plumeau pour signifier le même besoin de renouveau  dans lequel  se languit notre contrat-social, nos institutions, notre République, aucune des belles plumes de la presse quotidienne, hebdomadaire et mensuelle ne salue le féministe militant qui se propose de prendre à son compte les obligations ménagères dévolues aux femmes en permanence renvoyées à leur fonction maternelles et domestiques !

A la vérité l’histoire commune du balai est  une mémoire précise de l’émancipation de l’humanité !

L’homme des cavernes lui-même, en quête permanente de verticalité avait dû se résoudre à penser  l’outil capable de purifier l’atmosphère engourdie de la grotte par les copeaux putrides des restes de mammouths flambés, les rognures de cafards gigantesques, les scories de poils immenses qui tombaient de leur torse encore trop velus !

Mais c’est à madame Cro-Magnon, qu’ils confièrent la tâche de nettoyer l’antre, la tâche verticale étant réservé aux males, le travail des  autres doit se réaliser près de la terre ! 5363422300_430569cfb5.jpg

Les tâches de grand nettoyage sont toujours confiées aux petits, aux humiliés, aux femmes, celles qui en accentuent leur statut inférieur, ayant reçu en partage le petit, l’ordinaire et le courbe, étant déléguées aux préoccupations vulgaires de la gestion quotidienne de l’économie domestique  comme disait Bourdieu.

C’est dans les bassines que l’on lave le linge, c’est les yeux face au sol en terre battue que l’on nettoie les recoins de la case  avec des balais aux manches courts !

L’histoire de notre domination est l’histoire d’un outil pas pratique !

Regardez, cette petite balayette au manche judicieusement coupé près du sol, regardez comme elle plie, comme elle tort, comme elle humilie celle qui pourtant œuvre  au bien- être commun de toute la maisonnée !

Je n’ai pas peur de le dire les conquêtes de l’humanité se mesurent à la taille du manche du Balai !

la sixiémeL’absurdité de ces manches à balai dérisoires ne trouve son sens symbolique que dans la division du travail selon la hiérarchie sexuelle traditionnelle.  Cette division  n’est rien d’autre  qu’une répartition des tâches entre les dominants et les dominés.

Rapporté  au mois de Mai  qui arrive, il est marquant d’entendre les belles personnes, comprendre notre appel à la marche pour la 6éme République tout en prenant soin de signifier par  une moue géante leur refus  de prendre le balai en main pour en donner un coup… de main !

C’est à nous les gueux de ramasser leurs moisissures délicatement posées aux quatre coins de notre République, eux ils resteront droits et dignes ….

Je les entends déjà….

« J’aurais  bien aimé  être des vôtres … mais je ne sais pas où j’ai mis mon Balai ? »

Dans ton cul Bouffon !