Hervé kempf, nous parle maintenant du rapport entre les luttes contre les grands projets inutiles de type notre dame des landes, LGV bordeaux- Toulouse et les attentess ouvrières ou paysannes. L’emploi, le droit de vivre dignement, ne sont pas incompatibles avec l’aspiration légitime de protection de l’environnement d’abord, et de la planète toute entière ensuite.
Comment développer les transports en commun, comment réduire les effets à gaz de serre, Comment sortir des énergies carbonées sans entrer en conflit immédiat avec les travailleur de la SNCF, de Total ou des techniciens nucléaire d’EDF.
Les salariés sont les premiers techniciens, les plus experts des citoyens de la connaissance de leur mode de construction, donc d’abord c’est eux qui ont l’expertise nécessaire à la mutation écologique.
Toute bifurcation de l’économie au travers du prisme écologique n’est possible qu’avec l’appui massif des salariés concernés !
Le projet écosocialiste s’appuie d’abord et en premier sur les travailleurs eux-mêmes qui seuls sont capables de réorienter la production de leur entreprise !
Bien sûr que les salariés d’EDF ou de Total savent faire les forages nécessaires à la géothermie, évidemment que les ingénieurs de Citroën ou de Renault sont les plus qualifiés pour penser la voiture propre de demain ! Casser la peur qui pèse sur l’emploi et le bluff permanent de ceux qui s’enrichissent du pillage des ressources naturelles, c’est d’abord remettre les luttes des travailleurs dans une perspective nouvelle.
Rendre leur labeur d’abord utile à eux même parce que conçu pour l’humanité toute entière !
Comme il est devenu habituel, depuis ce matin, dans ces assises, de la théorie au réel, Laurence Sauvage, secrétaire nationale du PG aux luttes sociales nous livre maintenant les exemples de ces luttes exemplaires qui lient la lutte immédiate pour l’emploi et les salaires à l’exigence écologiste de la production.
Oui les travailleurs ont besoin des lois de préemption, ils ont besoin des lois de réquisition, ils ont besoin de la loi contre les licenciements boursiers pour réorienter la production de leur entreprise embourbés dans la recherche insensée de nouveaux marchés, de nouveaux profits.
Des fralib aux « indiens » de notre dame des landes, des ouvriers de PSA aux héros d’Arcelor qui proposent de vraies solutions éco-responsables face à l’imbécilité gloutonne des actionnaires de Mittal, la prise de conscience écologiste des citoyens et des travailleurs eux-mêmes constitue le socle le plus sûr d’une théorie de l’émancipation en cours de construction !
François Ruffin a bien raison de faire le parallèle avec les caisses de solidarités ouvrières qui naissent au fond des mines du XIXème siècle pour aboutir au milieu du XXème à la création de la sécurité sociale universelle, bien commun de toute la société !
Le global ne se pense qu’à partir de la prise de conscience particulière de ceux qui pensent leur intérêt qu’au travers du prisme du bien commun, les salaries de Florange au cœur de l’actualité, se battent pour le projet Uclos, qui est pour faire vite, une manière de produire de l’acier propre en captant les émissions CO2. Montebourg peut bien s’agiter en marinière, mais force est de constater qu’il ne trouve pas un seul investisseur privé pour faire le choix du bien de l’humanité, le bénéfice à court terme est trop petit !
Pour eux, seul le rendement de l’euro misé est décisionnel.
Réorienter l’économie nécessite un Etat volontaire et stratège décidé à planifier l’écologie. Les droits nouveaux que les travailleurs attendent, notamment en matière de pouvoir de décision dans les conseils d’administrations sont sans aucun doute l’effet levier qui manque aux aspirations que portent les travailleurs et leur organisations syndicales !
La question qui surgit de la salle, pose tout à coup, la question de ces agriculteurs qui se sont lancés dans des élevages pourris de bestiaux pelliculés de diverses substances chimiques et qui aujourd’hui se retrouvent surendettés et sans débouchés pour leur production non comestible, le garçon qui pose cette question rappelle que 80% de ces bougres sont des électeurs de droite et demande quel discours pouvons-nous tenir à ces gars-là.
Au fond cette question d’apparence saugrenue pose le vrai problème de l’aliénation et du mythe productiviste. Ouvrier et paysan, intellectuel ou commerçant, la prise de conscience individuelle de sa position dans le processus de la dépossession non seulement de sa production mais aussi du sens même que l’on donne à son existence est la clé de l’organisation politique des peuples. L’aliénation est la forme la plus aboutie de la domination de classe.
L’écosocialisme n’est pas qu’une approche nouvelle du rapport de classe, il est aussi le vecteur d’un nouvel humanisme qui place l’Homme au centre de sa propre destiné.
L’écosocialisme n’est pas le pessimisme nouveau, né de l’abandon d’utopie marxiste, il est l’émergence d’une prise de conscience globale au moment où le capitalisme ravage la planète en exhibant ses injustices portées par les chimères des politiques de l’offre !
Le manifeste pour l’écosocialisme est en cours conclue Hervé Kempf, et cette synthèse nouvelle, dont on ne mesure pas précisément encore la grande importance, ne saurait évidemment se réduire à cette journée de débat !
Le temps de la grande recomposition vient de s’ouvrir.