dimanche 25 novembre 2012

La classe ouvrière va au Paradis, chez Ruquier, Mélenchon fait l’archange !

AVT_Jean-Luc-Melenchon_881.jpegComme chacun le sait, Arthur Rimbaud inventa le cinéma dans le même trait qu’étendu dans l’herbe  un jeune soldat qui ressemblait à un enfant inventait le « zoom » de Pétri, et le travelling de Godard !

C’est donc une affaire entendue, vu d’un avion la ZAD de notre dame des landes n’est que verdure et landes, une rivière s’accroche à la mousse dans une  sorte de zone humide ou baignent dans la clarté d’un lit de paix  quelques tritons crêtés…. A y regarder de plus près, en resserrant le plan, on aperçoit des femmes et des hommes qui vivent, qui besognent et qui peinent. Agriculteurs  ou maraichers, labourent et façonnent  les reflets verts, bleus et pâles des marécages qui enveloppent sous la nue de vrais  cressons frais… lorsque le zoom ce fait très précis, c’est le visage  battant consciencieux et courageux  d’hercules de la citoyenneté qui se frottent les yeux. Ils pleurent les larmes rouges des gaz déversés sur leur juvénile bobine…. Ces irréductibles du maquis reprennent le contrôle de leur terre en inventant une nouvelle forme de lutte et de résistance, faite de radicalité et de précision, sans jamais délaisser l’infusion poétique dont se nourrissent, forcément, les causes justes…

Le soldat mort de Charleville que nous décrit Rimbaud, s’indigne de la bataille de sedan comme de l’absurdité de la guerre franco-prussienne, les parfums qui ne font plus frémir sa narine, sont la marque d’une folie humaine qui brise la nuque de ceux qui ne l’ont pas assez raide.Continental-Manifestation-de-soutien-a-Xavier-Mathieu_refer.jpg

Luis Massa, est le héros de ce film de Pétri : «  La classe  ouvrière va au Paradis ». C’est l’histoire banale d’un laborieux normalement usé par les conditions qui lui sont faites, un ouvrier quoi… un ouvrier qui perd une phalange dans un accident banal de son labeur, il découvre alors, la solidarité des siens, la gaité de la lutte, l’ivresse de la solidarité, la jubilation des discussions qui refondent le monde et ces liens d’affections qui se nouent dans l’espérance commune du militant… Engagé comme aucun dans les luttes de son existence, le voilà devenu syndicaliste et « gauchiste » à la fois… licencié de son usine et  quitté par les siens, sa femme en premier, il déprime jusqu’à envisager, épuisé et éreinté, la mort comme une immobile victoire.

Ceux qui contestent l’ordre établi, qui cultivent la différence, tordent les contradictions, pour surpasser oppositions er ruptures apparentes d’une société pensée à leur dépend ont quotidiennement besoin de la solidarité fraternelle des leurs, et des leurs d’abord !

C’est la grève et la lutte qui en  renaissant sauvent Luis Massa  de la pente mortelle du découragement qui ont failli le gagner, le voilà réembauché, le voilà de nouveau prêt à lutter.

La semaine qui vient de s’écouler aurait pu être lourde de son lot de découragements, de déceptions et de désillusions. De  la stupéfiante et inouïe sortie du président de la République sur la conscience et ses clauses de la réaction  dévotieuse au matraquage militaire et rigoureux de la troupe envoyée sur la ZAD de notre Dame des Landes  pour apprendre aux enfants que l’on ne se révolte pas, que l’on ne se révolte jamais… Le militant que je suis, passe aussi parfois  tout près de ce corridor ténébreux du découragement…

Mais sans doute fallait-il espérer en ce  samedi de lutte et de redressage de menton, dès le matin le ton était donné par une lettre ouverte  d’une militante écologiste, vice-présidente de la région Aquitaine. Des le matin, les mots qui sont les siens, simples, beaux et vrais étaient de nature à ne pas classer ce samedi comme l’aboutissement d’une immonde semaine de recul. La résistance à une histoire, elle forge les caractères et dessine les croquis des victoires à venir ! Il a fallu attendre 23 h30 et écouter pendant presque une demi-heure les cris niaiseux d’une godiche de tabernacle pour comprendre avec jubilation que désormais, de nouveau, serais-je tenté de dire, la gauche qui espère et qui lutte peut compter sur un militant fidèle et loyal, présent à l’heure où les doutes pointes leur sales faces de carêmes, présent de lui-même avec la force de nous tous, les autres, reconnus enfin, pour ce que nous sommes : la Gauche !

le vieuxC’est avec un gilet de bourgeois de la 3eme République, que par ces mots et ses gestes,  par ces moues, ses colères et  ses piques, par son raisonnement aiguisé et ses démonstrations implacables, par aussi tout ce qui n’est pas dit mais qui se voit, que Jean- Luc Mélenchon   s’est permis d’inviter sur le plateau de Laurent Ruquier  la Canaille ! Merci Monsieur, comme Carole Bouquet je préfère mon pays avec vous que sans.

Merci Monsieur, hier soir juste avant de m’endormir, c’est en chantant que j’ai monté l’escalier :


Dans la vieille cité française
Existe une race de fer
Dont l'âme comme une fournaise
A de son feu bronzé la chair.
Tous ses fils naissent sur la paille,
Pour palais ils n'ont qu'un taudis.
C'est la canaille, et bien j'en suis. !