mercredi 18 décembre 2013

"Edouard Martinouté"

edouard-martin.jpgLes licenciés de Florange savent que les luttes  ne parviennent presque jamais à contenir  les cris de douleurs. Les luttes servent  à la pleine conscience du réel.  Et lorsque les cadavres bougent encore, accroupis devant un feu de cagettes, face à ces hauts fourneaux rendu silencieux, parfois les lutteurs  aspirent en petite bouffée les parfums de gaité, les parfums de vainqueurs, ils veulent croire à leur force, ils veulent chasser la prunelle rougie de la fatalité que les puissants veulent imposer !

Les lutteurs  sont les héros  d’une armée estropiée, contusionnée, par l’exploitation et l’humiliation des conditions dans lesquelles les maitres de la forge les assignent !

Mais ils savent mieux que personne  faire de leur peuple accablé surgir celui dont la voix porte, celui qui communique le courage, celui qui incarne le vent de résistance !

Le gueux devenu prince éblouit, il écarte les mâchoires  du système, et pendant qu’il trouve les mots de la résistance, les autres ferment le poing et chantent la force qu’ils savaient en eux et qui maintenant peut bouleverser l’ordre établi…

Edouard Martin est un de ces gars, devenu le prince d’une héroïque résistance, il a pompé la force de ceux qui décident de se tenir droit malgré le fardeau ! Il lui suffisait à lui de dire, « je ne fléchirai pas »  et tous aimaient à se sentir debout !

C’est lui qui a eu ces mots pour qualifier la forfaiture de Jean Marc Ayrault lorsque celui-ci abandonnait l’hypothèse d’une nationalisation  des hauts fourneaux, il avait dit : « Ayrault qui n'est pas un héros"

C’est lui qui  n’avait pas su retenir ses larmes lorsqu’apprenant  la trahison du gouvernement, face à ses collègues lutteurs, si fort de leur tête droite, dignes et les bras croisés, il se laissa submerger par le désarroi !

C’est eux, qui à cet instant encore l’ont porté, bannissant la honte dont parfois les victimes se parent à tort, c’est eux qui à cet instant ont chassé la culpabilité  qui venait de gagner le leader syndical !

Il venait de se faire rouler, il ne pourrait pas s’en remettre !

L’infâmie crée l’infâme, la déception le déçu et la lâcheté le lâche !

A cet instant  Edouard Martin fut broyé par le système, les autres n’ont pas vu leur force le quitter, éprouvé parmi les éprouvés, il venait de tout oublié du parfum de la gaité, de la joie de la force, le renoncement venait de gagner la fatalité des puissants, ces temps durs comme ils disent remportaient une nouvelle victoire…

Edouard Martin vient de connaitre  le drame de la force qui se dérobe. Comme il leur  a pleurs.jpgfallu de l’adresse, de l’habileté. Au moins deux ministres s’y sont mis, peut-être nous dit-on le Président lui-même !!

Ces gens-là ne se contentent pas de  nous combattre, ils veulent nous domestiquer. Chacun de nous qui les combat sait parfaitement de quoi il s’agit : il n’y a pour eux que deux sortes de gens : ceux qui se couchent ou ceux qui s’achètent !

Edouard Martin n’est pas un traitre mais ils l’ont eu ! Les traitres  ce sont eux ! Acheteurs, calomniateurs, calculateurs, serviles avec les puissants, fourbes avec ceux qui ne courbent pas la tête !

Les lutteurs  sont les héros  d’une armée estropiée, contusionnée, par l’exploitation et l’humiliation des conditions dans lesquelles les maitres de la forge les assignent ! Mais ils savent mieux que personne  faire de leur peuple accablé,  surgir les voix  qui trouveront encore  de la dignité pour accompagner Edouard Martin en sa dernière demeure en chantant : « Edouard Martinouté »