mercredi 4 septembre 2013

Voudrais-tu voir mon maître in naturalibus ?

presidentLe roi est nu. L’habileté qui consiste à appeler pause fiscale, une augmentation de la TVA; inversion de la courbe, une hausse  continue des demandeurs d’emplois ou preuve, une série d affirmations apparaît désormais comme un jeu de poker menteur où raisonnement et anticipation ont définitivement laissé la chance aux délices du hasard.

La hauteur béante que prennent ces gens là pour nous causer est le révélateur puissant de l’abandon de leur projet initial du  légitime changement qui peu à peu s’est muté en totalitarisme mou. Sévère envers le peuple qui doit payer tous les efforts nécessaires au renflouement des banques, tortionnaire du bon sens, de l’histoire et de la culture…

 A quoi peut donc bien servir la République lorsqu’on a l’aval de Bernard Henry Levy !

Le salmigondis politico-médiatique qui nous est servi à toutes occasions (crise économique, dette, retraite, Syrie) instaure le règne des idées simples. Peu importe la complexité et la diversité du réel, il s’agit pour les oligarques de donner aux masses ignares une représentation simplifiée – et donc fausse – de la réalité.

La crise est un cycle et donc il y a une fin… il ne faut pas de dette car c’est les « petits n’enfants » qui la paieront… on peut travailler plus puisque l’on vit plus longtemps… il faut faire la guerre en Syrie puisque la ligne rouge est dépassée….. 

Ce discours rabâché  sert à simplifier la réalité au point de rendre la domination des puissants comme une fatalité, en  désidéologisant l’action politique dans la normalité et la technicité  la parole qui nous gouverne  se coupe  profondément de la réalité du sentiment populaire.

Tout se passe en effet  comme si la stratégie d’enfumage général, au bout du compte n’enfumait que l’enfumeur lui-même. Ivre de sa propre ruse, saoulé des ses propres mots, le petit équipage qui croit s’adresser à des troupes absurdes en mélangeant la haine de soi à la langue de bois, la parole contrainte à la passion de la soumission ne se ravit que de lui même et de la lâcheté de ceux qui le soutiennent tant par habitude que par lassitude.

Le groupe des députés solfériniens  soutiendra l’imbécile ligne du Président  sur la Syrie mais déjà on saisit combien la coupe est amère… ils choisiront de se taire et le peuple mi goguenard mi-désabusé choisira une nouvelle fois l’autodérision en se désintéressant des choses graves qui ne relèvent pourtant que de sa seule volonté !

Dans leur  « monde sans idéologie », au nom d’une morale abstraite, les peuples n’ont plus de souveraineté, les nations sont obsolètes au point que  le télégraphiste Barbier sonne la fin de l’ONU…. Il annoncera bientôt comme dépassée la République, puis la démocratie…

Leur vision du monde est celle d’un Pac-Man glouton qui erre dans les couloirs d’un labyrinthe et qui se gave de ce que le système lui consent… pacman.jpg

Le socialisme voulait annoncer le début de l’histoire,  les solfériniens ont rayé le futur de leur vocabulaire comme de leur visée…

Les voilà donc les bras ballants, devant un monde compliqué, ils espèrent de tous les vents...    Ethyliques de leur fourberie matoise, ayant désespéré le plus brave des naïfs, ils s’apprêtent à nous effrayer du péril du Front National. On les entend déjà  balbutier dans un bégaiement automatique qu’il nous faut nous rassembler derrière leur politique de malheur pour faire barrage à la droite et l’extrême droite… Mais la désespérance disséminée au quatre vents risque de ne plus permettre de canaliser le dégout que ces gens-là ont engendré !

Le maitre est nu…  et à faire la politique de la droite, il lui est devenu impossible de feindre de vouloir lui barrer la route.

maisIl nous faut désormais, c’est le grand défi de notre Front de Gauche, remettre du politique, de l’idéologique au cœur de l’action politique. Sortir de l’aveuglement qui consiste à nommer « gauche » la clique qui sert les intérêts des puissants : c’est opérer le retournement nécessaire pour que les nôtres  se reconnaissent de nouveau dans des projets conformes au fondamentaux de nos aspirations.

 Si nous ne le faisions pas, ces écarts de structures de pensée, de langage et de mode de vie entre les élites et les populations, ce fossé entre les paroles et les actes  finiront par donner  au peuple le sentiment d’une inversion entre normalité et folie... plus rien n’empêchera le triomphe lepéniste…

Quand le Maitre est nu le peuple  a froid.