jeudi 5 septembre 2013

La possibilité du vide.

curare.jpgJ’ai lu ce matin presque par hasard, la déclaration de Jean-Pierre Chevénement au Sénat sur la question Syrienne. Je vous invite, vraiment, à y passer quelques minutes. On n’est pas toujours d’accord avec les constantes lubies du Che tendance cancoillotte, mais s’il est un talent que l’on ne peut lui ôter, c’est de mettre en évidence, avec une cruauté toute polie, le vide intersidéral qui sert de boussole  à ceux qui flemmardent dans les palais nationaux, se reposant ainsi entre deux élections.

Il démontre ce que peut dire un esprit brillant qui accepte la complexité sans la farder, il rejette les postures convenues au rang de l’insignifiance !

Harlem Désir est châtié au détour d’une simple petite phrase : « C’est une facilité de crier « Munich ». C’est du même niveau que Guy Mollet assimilant Nasser à Hitler. Ce n’est pas digne des républicains que nous devrions être. »

C’est par ce fil, que j’ai songé à Didier Motchane, cet étrange petit bonhomme qui était le grand Monsieur, le logiciel du CERES, le compagnon fidèle et précieux de Jean Pierre Chevènement, fidèle jusque dans son soutien à Jean-Luc Mélenchon lors des présidentielles de 2012.

C’est en allant à la mer que le fleuve…

Dans un Petit livre au titre fort joyeux : « l’atlantisme en charentaise », Motchane faisait à son tour un bilan raisonné de la diplomatie française de l’ère  mitterrandienne, il dénonçait à juste titre  l’obliquité génétique qui  a toujours handicapé un courant de la social-démocratie Française, rendu incapable par une attractivité irrésistible à la domination nord-américaine de maintenir une relation privilégiée et cohérente avec les régions où la France a des intérêts particuliers !motchane.jpg

Et l’intérêt supérieur de la France, c’est d’abord de porter le message de l’universalisme sans lequel le citoyen français n’est rien !

Voilà ce qui me fait penser au vide dans lequel nous nous trouvons.

Dans ces moments plus sombres qu’ils n’y paraissent, dans ce temps devenu le point de bascule  d’une crise sans horizon ou le capitalisme semble sur le point de remplacer définitivement la morale par le droit (la morale est la règle des dominants - le droit est la prescription de la souveraineté populaire) que nous manque t-il donc pour redonner à la gauche une visée moins glauque, moins désabusée, moins inerte.

Il nous faut, c’est une urgence, sortir du piétinement glaireux qui conduit nos concitoyens dans l’ennui d’eux-mêmes…

A ne rien respecter des idées qui nous fondent, a transiger pour un oui ou pour un nom avec nos valeurs, à disperser nos talents et à dévoyer nos dévouements dans de tous petits calculs à courts termes, nous pourrions nous même perdre l’étincelle qui maintient  la lueur…

Si nous n’y prenons garde…si nous édulcorons, altérons notre cohérence, ne serait-ce que dans une élection municipale, alors le vide aspira…. A la façon du curare.

Le Front national est camouflé se nourrissant de la  crise économique, sociale et politique et internationale  qui est devant nous. La terrible régression sociale qui découle des politiques en œuvre porte à elle seule les nuages les plus sombres.

 cuisine_sous_vide.pngSi nous n’obligeons pas le gouvernement  à rompre pas avec la politique de supplétif qui est  la sienne dans tout les domaines (de Lisbonne à Damas), le boulevard  qui conduit à la conjonction dès du Front national et d’une droite revancharde, et cela dès les élections municipales, régionales et départementales de 2014, sera désormais grand ouvert.

Porter le rassemblement de la gauche dans toute sa complexité c’est d’abord rompre avec ceux qui soutiennent la politique du gouvernement…

C’est parce que Jean-Pierre Chevènement ne l’a pas fait que dans le grand vide il n’y a plus personne qui entend sa voix !