vendredi 13 septembre 2013

Une impression de déjà vu…

ala.jpgUne organisation politique qui ne parle en son fond intérieur que d’elle même, que de son mode d’organisation et de sa propre représentation prend vite le masque de ce visage soudain muré dans une stupéfiante et glaçante absence.

Il faut avoir croisé ce regard en faction, se voir mourir et connaître le silence de ces lèvres  qui s’entrouvrent pour dire des choses graves, et qui finalement, ne laissent que la trace impuissante du sourire timide d’un enfant même pas inquiet.

J’ai parfois cette impression en revenant de telle ou telle réunion. Sans doute devrais-je avoir le regard plus étendu vers l’horizon, sans doute eut-il fallu, pour garder en moi un fond de gaité transmissible, que je ferme plus souvent les yeux. Sans doute que sans voir, sans entendre les éboulis qui dégringolent le versant le plus sombre, je pourrais lutter encore. Indéfectible songeur je me retrouve là encore à rêver tout haut. Le nombre de rires et de pleurs, de mots et de poings que je rentre dans ma gorge s’amalgament dans un mélange douteux qui ressemble à s’y méprendre aux ferments parfumés d’un cycle achevé. Le soleil dégringole triomphal d’un parcours bien banal.

Il suffit d’une soirée, de la fugacité d’un temps minuscule, d’un regard, d’un mot, il suffit d’une figure de hasard, une sorte de marque, de trace… une ligne fuyante, un faux reflet, un signe douteux… Et notre engagement devient une fraude. Notre combat pourrait devenir un passe-temps, nous qui avons tant à faire…

Mon parti ressemblait, hier encore, à une fête intime. Le partage d’une solidarité éprise d’une même visée, d’un même langage… Il n’y a que ceux qui ne veulent pas se changer qui ne comprenne pas ca…

S’il arrive un jour de nouveau à notre histoire de reprendre son cours, s’il temps-perdu.jpgnous est possible de renouer le fil rompu de l émancipation humaine, il nous faudra bien trouver les forces nécessaires qui les rendront vivantes. Il faudra bien, un soir, un matin, que sais-je, que le destin nous réponde. Il faudra bien, je crois, pour que s’ouvre la nuit qui nous guette… qu’on la déchire !

Je reviens à l’instant à la réalité raisonnée, j’ai fait en cet instant infime, ce millième de seconde peut-être, au plus loin  de moi un voyage abracadabrantesque, il y a longtemps que je ne m’étais pas revu ainsi… désorienté, , embarrassé, étonné, inquiet, stupéfait, troublé… déconfit tiens !

 Mon parti venait de mourir.

Je suis revenu, assuré et désinvolte ! -mahhhh- Vous me reconnaissez ?-

Je suis arrivé par ce qui désormais commence !

Saleté d’impression de déjà vu !

 desinvolte-music-fr-logo.pngMe voilà de nouveau bien avec le réel,  mon parti, mes camarades et notre cohérence, tout va bien nous sommes vivants, il me revient même des vers de Shakespeare  « Non, Temps, tu ne te vanteras point que je change ! » !

Tout va décidemment pour le mieux  et regardant la situation au moment où nous en sommes, Proust revenant d’un identique voyage décrivait ainsi cette sensation : « Saisis-moi au passage si tu en as la force, et tâche à résoudre l’énigme de bonheur que je te propose. »

La recherche du temps perdu est une boussole pour les militants.