mardi 25 juin 2013

Nous avons tellement mieux affaire…

taroudant.jpgLe néant nous envahit de nouveau  ignoré du printemps, oublié de l’été. Je devrais parler sans cesse des gens, des gens et de Moi.  C’est sans doute en vapotant, car je vapote maintenant, que ce cauchemar m’est venu. Au milieu de mon front plein de frayeur perlait vacillante une goutte blanche sans aucune lueur !

C’était un soir de plein été, une neige sombre dégoulinait le long des gouttières saturées. Derrière l’hygiaphone, le fonctionnaire du rail  me regardait les yeux ronds. Sa barbe était givrée.

Non mais je rêve !

 Il y en avait pour  1257 euros… en train, en bétaillère, sans couchette… sans même savoir de quoi nous parlions, j’ai de suite compris que nous n’en parlerions plus… je venais de passer l’âge !

Je n’irai pas à Taroudant… c’est sur la pointe des pieds d’une danseuse nue  que mes volontés s’enfuient… il fait tellement froid gare st Jean au mois de juin. C’est parce que nous avons rien à faire que nous, les gens distingués,  ne pensons jamais assez à la destination finale.

Je veux aller loin d’ici maintenant.

C’est une angoisse sans remède que de parler derrière des vitres.clase-affaire.jpeg

 Le givré continue : avec vos moyens, visez plutôt Lacanau, Lacanau  à 45 euros. Je dors très mal depuis que j’ai compris que j’étais très bon marché. Moi qui m’intéresse aux affaires, avec mont goût pour la politique, et ma passion pour l’idée que je me fais de gens, les crises économiques qui m’intriguent autant ou presque que les crises de foie… j’aime partager mon opinion avec les couturiers, les princesses, les socialistes et même les sorcières… Mais voilà monsieur le guichetier, ma vie est faite de réunion avec des gens délicieux, ils sont tous très fins, très spirituels… Mais que voulez vous je m’ennuie…

Camping de l’océan…  à Lacanau, vous avez assez d’Argent !

N’étant qu’un homme, j’ai encore pleuré. Effrayé de monter, je suis monté tout de même. Les maisons, les échoppes, puis les arbres, les pins et les prés. Verts. Ils défilaient tous, alignés comme des syllabes, ils défilaient derrière la vitre fermée du TER Aquitaine. L’express Bordeaux-Soulac ! 

Sur cette voie directe, épargnée de toute confusion, personne n’était effrayé par la beauté, aucun enfant ne s’émerveillait… il n’y avait plus  d’étoiles !

HAAAAAAAAA !!!!!! arggghhhhhh 

« Ha ! Qu’est-ce qu’on est serré, au fond de cette boite, Chantent les sardines, chantent les sardines,
Ha ! Qu’est-ce qu’on est serré, au fond de cette boite, Chantent les sardines entre l’huile et les aromates.

camping.jpgBien sûr, que c’est vraiment facile, facile, C’est même complètement débile, débile, Ce n’est pas fait pour penser, c’est fait pour faire la fête, C’est fait pour se toucher, se frotter les arêtes,
Alors on se rassemble, à 5, ou 6, ou 7, Et puis on saute ensemble en chantant à tue tête »

Ce n’était qu’un cauchemar, un cauchemar de très longtemps, une sorte de blessure de classe, une blessure d’il y a bien longtemps. Au fond rien n’a changé, il y a tant de chose à faire  quand on n’a pas d’argent, qu’avant même  le réveil, je cherchais tâtonnant de quelques pitiés délirantes  un morceau de ciel oublié.

Nous avons encore tant  de chose à faire !