mardi 17 juillet 2012

Socialisme et cafards, Jérémie et ses jérémiades.

4707764577_57d9c5748f.jpgLe prophète Jérémie pleurait, dès qu’il en avait le temps, sur les malheurs du monde, mais à l’inverse  des lamentos publics sur le chômage et les licenciements en cours, il n’était pas le créateur du déferlement de méchantes nouvelles !

Les lamentations du ministre  de l’aplomb fertile (redressement productif) sont d’autant plus fortes qu’elles proviennent de ceux-là même qui créent le drame ! Toute l’habileté de leur discours  consistant, à veiller avec soins, à y échapper personnellement.

Le Jérémie de la bible, lui, était un grand solitaire, sans femme ni enfant, posté à l’écart de la société, jeté en prison brutalisé et exilé en Egypte, il prophétisait la destruction de Jérusalem, et l’exil des Judéens de Babylone, il combattait en même temps le manque de foi, et l’idolâtrie.

 Une sorte de voie étroite entre le « basisme » et le « chefisme » dirait-on aujourd’hui, dans un petit parti qui se joue des consignes.

Toute la difficulté de notre gauche décomplexée réside dans son positionnement au cœur de  la pensée émancipatrice. Comme le prophète, nous avons su annoncer, bien avant la victoire de Hollande, que le dogme libéral qui impose la baisse du « coût du travail » comme la clé hypothétique d’un âge d’or industriel susceptible d’enrayer le chômage de masse et la disqualification sociale  de tous ceux qui vivent de leur travail était en réalité un dramatique stratagème destiné à imposer la dictature des marchés.

En mettant  le doigt dans cette politique les socialistes au pouvoir viennent de se faire avaler tout le bras. En concédant au dogme du travail cher une hausse dérisoire du SMIC, de 0.6%, en renonçant à raboter lourdement les 170 milliards d’euros  d’exonérations de cotisations sociales dont bénéficient  les patrons, ils autorisent l’incroyable discours provocateur du Président du directoire de PSA, qui s’étalant sur tous les média réclame la baisse du coût du travail au même moment où il jette  10 000 travailleurs au chômage.

Il suffisait pourtant de mettre en œuvre, les bribes du discours du Bourget, quand le candidat Hollande affirmait vouloir combattre la finance et ses appétits  déraisonnables. C’est au  montant exorbitant du capital qu’il faut réserver les coups de mentons. C’est les prélèvements opérés par les actionnaires et les banques  qui  ruinent la richesse  que la sueur, les accidents, les maladies, les suicides des travailleurs  créent tous les jours !

C’est en refusant leur logique de mort et leurs outils de tortures que sont les agences de notations, et les règles d’or qu’ils imposent que nous pouvons lutter contre la gloutonnerie insatiable des Varins et autres Christophe de Margerie.

Le parti socialiste qui débute demain son conseil national dans un contexte qui le rend ultra majoritaire ne peut ignorer le vent  des restrictions budgétaires, les brises d’austérité que réclament à corps et à cris les monstres de la finance.

En proposant de cosigner une contribution avec la première secrétaire du parti, qui fut, on s’en souvient soutenue par ce qui s’appelle l’aile gauche du parti (Hamon-Emmanuelli), le premier ministre  montre combien il est un fantassin discipliné de la ruse hollandaise. Celui-ci n’ a pas son pareil pour embrouiller les jeux, avant  de dénicher une improbable synthèse qui finira par ravir tous ceux qui ne sont pas habitués au grand air, et que leur propre audace enivrerait jusqu’à la frontière du malaise.5215346973_53eed6acbf.jpg

La Grèce et l’Espagne viennent de tomber sous le joug du mécanisme européen de stabilité, et la troïka n’hésite pas à annoncer de réelles pertes de souveraineté pour les Grecs. L’Espagne et le Portugal sont devant des mobilisations populaires et sociales d’une ampleur jusque-là inconnue depuis la création de l’union européenne et nous acceptons sans tortiller l’incroyable interdiction qui est faites aux chômeurs espagnols de quitter le territoire.

Pendant ce temps, seule une sénatrice socialiste, Marie Noëlle  Lienemann, annonce son intention de na pas voter aujourd’hui le MES qu’elle a refusé hier.

"Je n'accepterai pas de ratifier le traité (...) qui n'a pas changé dans son contenu, qui contient non seulement  la règle d'or  mais des sanctions automatiques qui instaurent une logique macro-économique en Europe d'austérité durable", a déclaré la sénatrice sur France 2.

Jean Luc Mélenchon disait qu’après la bombe atomique, il ne resterait plus que les cafards et Marie Noëlle Lienemann, les cafards partent en jérémiades, notre rôle est de rassembler maintenant, dans un front de gauche pluriel et offensif, tous ceux qui n’ont pas la tête qui tourne. Nous sommes le cœur battant de la gauche.7421834162_e86b9beff7.jpg