Il y avait hier un véritable débat au parlement de Londres. Un débat argumenté, sérieux un débat où le Premier ministre a présenté un document étayé qui résumait l’état des renseignements en possession des occidentaux sur l’utilisation des armes chimiques en Syrie….
Le document n’a pas suffit, les parlementaires ont jugé que le « Hautement probable » ne faisait jamais une certitude…Les députés ont par ailleurs considéré que cette intervention manquerait de base légales et le premier ministre Cameron du se résoudre à le reconnaître….
C’est beau un parlement.
Chez nous, la cinquième République a défiguré le parlement en un machin tout autant ouvert aux quatre vents de l’air du temps que verrouillé par les cerbères d’une majorité factice issue d’un mode de scrutin dont l’unique objet est de donner une majorité au Président de la République en dehors de toute réalité du rapport de force électoral.
Le Président se réveille avec une grosse envie d’aller en guerre, et c’est tout le groupe socialiste qui fait briller les canons… Le Président recule, hésite, et c’est le Président du même groupe qui organise un pas de coté….
« Nous voici de nouveau là où tout commence. »
Chez nous, un Président élu pour le changement trouve une majorité à l’assemblée pour la continuité. Chez nous, un Président qui gagne l’élection sur la promesse de combattre la finance et l’argent roi peut nommer un ministre du budget qui organise sa propre évasion fiscale.Chez nous, on peut dire d’une voix unanime des importants que la reprise est là, que le chômage baisse quand tous les faits démontrent, têtus, le contraire…
La confusion est à tous les étages, et le pédalo est bien à la dérive. Un an après, tout juste, avoir promis le changement on ne croise que déception, frustration et colère. A peine annoncée, la minimaliste hausse des cotisations patronales pour le financement des retraites est immédiatement, en moins de 24 heures, annulée par la déclaration du ministre du budget, au garde à vous devant le MEDEF, qui assure qu’elle sera entièrement compensée…
Par qui ? Par quoi ?
Par des hausses de TVA bien sûr, par de nouvelles ponctions sur les salaires….
Cette situation est une véritable catastrophe qu’il s’agit de bouleverser au plus vite. Elle tient tout autant de la soumission de nos gouvernants à la logique du capitalisme financier qu’à la mythologique adhésion d’une construction européenne édifié contre les peuples. Elle se nourrit de la nature anti démocratique des institutions européennes autant que de celles de la cinquième République. C’est exactement pour cela que toutes dérives trop voyantes de responsables politiques qui basculent littéralement dans la délinquance ne sont abordées que sur le thème de la morale personnelle. Or c’est bien un ensemble a-démocratique fait de collusion généralisée entre les puissances financières et la représentation politique qui assure le pouvoir sans partage de cette nouvelle oligarchie devenue irresponsable devant le peuple souverain.
Pour inverser cette funeste dérive il s’agit d’en finir au plus vite avec l’acceptation de ce jeu de dupe qu’est la cinquième République. Tout ne pourra changer qu’en redonnant du pouvoir aux citoyens et aux citoyennes. Partout, dans tous les domaines de la vie politique et économique.
C’est pourquoi la bataille pour la révolution citoyenne est aussi et même temps une bataille pour gouverner. En proposant dans chaque municipalité la mise en place d’un budget participatif directement soumis au vote des populations concernées nous ferons progresser l’esprit de reconquête de notre souveraineté.
Parce que nous ne sommes pas en Angleterre, que nos parlementaires n’ont plus le goût du débat argumenté, parce que notre presse n’a pas d’appétit pour la parole libre, il n’y a chez nous qu’une seule façon de rétablir le débat démocratique.
Il faut gouverner pour convoquer une constituante. En quelque sorte il nous faut prendre le pouvoir pour ensuite le rendre.