mercredi 28 août 2013

Les désenchanteurs !

182334 457419344269281 1296858815 n (1)Je me souviens, il y  a si longtemps. Mon père venait de prendre sa retraite comme on disait à l’époque, il venait d’avoir 58 ans et nous avions organisé une grande fête avec la famille, les amis, les copains de la boite. Cette troupe joyeuse  ne célébrait  pas qu’un moment de repos mérité, elle imaginait, elle espérait, elle se projetait…  Etre utile est une obsession dans le monde des ouvriers. Être utile à la formation des jeunes, être utile à la vie associative, être utile au développement du sport pour tous, de sa ville, de son quartier, des siens !

Oui, je me souviens, c’était hier. A 60 ans une nouvelle vie pouvait commencer,  faite de tes 37 années et demi de cotisations, cette part de salaire que tu avais  consenti à offrir à la solidarité entre les générations, c’était maintenant à ton tour d’en bénéficier. A ton tour, d’être pleinement à toi, ne plus être un obligé du salariat !

Le travail est une aliénation ce n’est pas une chose nouvelle, et en définitive ce qu’ils n’ont jamais accepté, eux les puissants, qu’ils soient seigneurs ou marquis, maitre des forges ou banquiers,  selon les époques. Ce qu’ils n’ont jamais accepté,  c’est le droit pour ceux qui ne possèdent que leur force de travail de vivre un peu. Un tout petit peu.

C’est une déchirure pour eux que de partager la richesse de ce monde, lorsque nous nous donnons des droits, ils les appellent privilèges, lorsque nous revendiquons de simples petits bonheurs ils les appellent des coûts !

Jusqu’à hier encore, le salariat, 89% de la population active, pouvait compter sur la Gauche, la gauche en général. Soit elle permettait des avancées sociales réelles comme en 1936, en 1947, en 1981… Soit elle freinait, elle résistait tant bien que mal à la poussée réactionnaire des  pirates de notre richesse. Partage-des-Richesses_000149_R_R50.jpg

Tant et si bien, que même lorsque nous n’étions pas satisfait, et à raison d’ailleurs, de la façon dont la gauche au pouvoir se comportait, nous savions en même temps que les affameurs de la finance, les écorcheurs de la guerre, les exploiteurs de notre sueur, les fraudeurs du fisc, les pillards de nos cotisations, les pressureurs des cadences infernales, les profiteurs de la misère, les siphonneux,  les spéculateurs, les spoliateurs, les usurpateurs étaient  un tant soit peu contraint. Par la force de la loi, par la volonté commune des citoyens, puisque nous étions majoritaires !!

Et bien nous le sommes toujours majoritaire !  Et c’est exactement pour cela, que le peuple Français il y a, à peine plus d’un an, a chassé Sarkozy.  Parce qu’on est comme ça, on ne peut pas s’empêcher d’espérer, nous qui  n’avons rien d’autre que nous même pour nous rendre la vie un peu plus douce !

Notre seule perspective c’est notre émancipation.

Alors lorsqu’un gouvernement qui se réclame de la Gauche caresse les banquiers pour leur assurer leur rente, prépare la guerre en Syrie sans autre réflexion que celle d’être docile et conforme au nouvel ordre mondial, offre 20 milliards d’euros au patronat qui s’empresse d’en réclamer 60 de plus et qui pressurise les salariés, qu’il nomme comme ministre du budget un voyou  qui se soustrait à l’impôt… Les bras, nos bras, sont tout juste prêt, à tomber.

La sortie d’hier  de cet incompétent désarmé qui nous sert de premier ministre a marqué un tournant, je crois décisif, dans le lien que le peuple aura désormais avec cette engeance. Nous avons tout accepté de la gauche dans son histoire, je fais partie de ceux qui assument toute la gauche, de la fumée de la pipe de Herriot ou dernier poil de la moustache de Staline, je suis de ces bienveillants qui préfèrent toujours n’importe qu’elle gauche à la plus molle des droites. Toujours jusqu’à hier !

Car il n’est pas acceptable de nous moquer !  Nous avons droit au respect, le mépris dans lequel on nous assigne n’est plus de l’ordre de la bouffonnerie, désormais leur habileté hypocrite est devenue une grave insulte à notre dignité !

Qu’ils assument  leur politique inique au service des puissants ! Nous sommes leur seule opposition !

Le gouvernement nous dit  qu’il ne touchera pas à l’âge légal de départ à la retraite : 62 ans, comme si c’était une grande avancée sociale !

Pourtant la retraite  à 60 ans acquise en 1981 fut un progrès social important, dans une période où l’espérance de vie augmentait. L’âge légal a été repoussé de 2 années par Nicolas Sarkozy en 2010. A l’époque, le Parti socialiste aujourd’hui au gouvernement combattait cette contre-réforme : et il faudrait considérer aujourd’hui que la mesure prise par Sarkozy en 2010 était une bonne chose !

Ils nous mentent imbéciles-copie-1comme si nous étions des sots !

Mais pire encore, leur  hypocrisie  est totale puisque le gouvernement acte et  poursuit  au-delà de 2020 ce qui a été mis en place par la loi de 2003 (loi Fillon) : l’augmentation continue du nombre d’annuités nécessaires. Le gouvernement actuel poursuit donc les contre-réformes des gouvernements précédents. Il prévoit d’augmenter le nombre d’annuités : jusqu’à 43 annuités en 2035, à raison d’un trimestre tous les trois ans. Hypocrisie, car personne n’aura demain ce nombre d’annuités : en réalité, cela conduira à baisser à nouveau le niveau des retraites. Ou alors, il faudra attendre l’âge de 67 ans pour ne pas avoir de décote ! Bien évidemment, ce seront les salarié-es les moins bien payés et ceux et qui ont des carrières incomplètes (les femmes notamment) qui subiront le plus cette nouvelle attaque.

Imbéciles ! Qui validez et aggravez la politique de toutes les droites, qui vous en demandent déjà plus !

François Mitterrand qui vous connaissait bien, vous avait  déjà  prévenu lors de son dernier conseil des ministres à l’Elysée, comme une recommandation minimale, il avait  dit ces mots : «  ils s’attaqueront à tout,  d’abord les retraites, et  à la sécurité sociale, puis les salaires, puis les congés payés… vous devez vous battre le dos au mur »

Imbéciles ! Qui faites exactement l’inverse, aggravant même la situation en poussant plus loin que la droite le curseur de la régression !

En semant amertume et déception, déconvenue et découragement, vous rbastaendez impossible toute forme de résistance à l’appétit réactionnaire de ceux qui se battent avec acharnement pour la sauvegarde de leur richesse !

L’ordre établi de la bourgeoisie  pourrait dormir tranquille désormais,  il a fagoté l’ensemble ou presque  de la représentation politique de ce pays. Du FN aux solfériniens, personne ne critique la logique de votre contre-réforme… Ceux-là, la trouve trop couteuse en « charge », les autres de l’UMP, trop timide, pas assez dure pour les travailleurs, et les ravis de Solferino juste et équilibrée !

Parce que le cours de l’histoire de la conquête ouvrière ne s’arrêtera pas malgré vos crimes, nous exigeons d’ores et déjà :

L’abrogation des réformes mises en place  par la droite depuis 1993. La retraite à 60 ans à taux plein et au minimum au niveau du Smic. Une réelle politique de lutte contre le chômage et d’augmentation des salaires. La fin des exonérations de cotisations sociales.

Oui ! Nous allons nous battre dos au mur.

Jusqu’à la disqualification finale des désenchanteurs, jusqu’à ce que la gauche retrouve ses vrais visages, jusqu’à ce qu’ils s’en aillent tous !