mardi 18 février 2014

Un Bourdon dans la salade.

assoupline.jpg « Ma première question serait de savoir si on se tutoie ? » Le mieux, immédiatement, serait qu’on s’oublie. Il faut oublier David Assouline.

La grandeur du débat politique, c’est la volonté d’argumenter, de convaincre, d’opposer des idées et de proposer des solutions, la grandeur du débat politique  c’est d’assumer ses choix, de les défendre et d’en démontrer le bien-fondé.

Au  lieu de cela, Jean-Luc Mélenchon a dû faire face dimanche soir à un vendeur de salade dopé au brumisateur du media training, sous-chef de rayon  à la Samaritaine, qui entraine tout débat dans  l’immense néant de la novlangue des marchands, qui fait disparaitre  tout raisonnement comme celui qui sniffe un rail de banalité engouffre la poudre !

La médiocrité de ce type ne serait pas grand-chose au fond  si elle ne nous questionnait pas   sur le traitement si particulier qui nous est réservé  dans les media.

Pas un jour dans cette dizaine, où il ne fut pas question du Parti de Gauche  dans le presse nationale comme dans la PQR, pas un jour  où la presse ne s’interroge pas sur  « la déroute », la « déconfiture » « la débandade » le « naufrage » qui serait en cours. A l’origine de ce déferlement  une information de la plus haute importance : le Parti de Gauche ne tolère pas que l’on puisse se revendiquer de son nom sans qu’il en ait collectivement décidé.  Voilà donc une information de la plus grande importance et d’une grande originalité, notre parti a des règles. Ainsi dans les villes de plus de 20 000 habitants, nous avons convenu que c’était notre Bureau National qui investissait les candidats.

Voilà pourquoi lorsqu’une ou deux listes ne sont pas investies, élections municipales obligent, il y a instantanément une petite trentaine de mécontents…

Avec une info pareille, il n’y a pas de quoi à remplir  trois lignes et pourtant, le Monde, l’Express, le Point, le Parisien, Canal +, TF1, les chaines d’info, le Nouvel Obs, y ont tous consacré un, voire plusieurs reportages.

C’est une étrange salade que le plat quotidien de la presse, revenons sur le débat qui oppose Assouline  et Jean-Luc Mélenchon. Un seul exemple,  celui de la retraite. En livrant le mensonge comme une évidence ; «  Nous avons sauvé la retraite à 60 ans », lesalade.jpgs mêmes journalistes   qui propagandisent chaque jour les bienfaits de l’allongement de la durée du temps de travail ne relèvent à aucun moment l’hypocrite bobard  car le but commun, partagé de tous ceux-là, n’est pas d’organiser un débat argumenté, un débat utile à l’élaboration du jugement que pourrait  se faire chaque téléspectateur, le but est d’empêcher  Jean-Luc Mélenchon de parler.  Cette logique absurde conduit à de grands moments de télévision :

43-2 égalent 41,  dit Jean-Luc Mélenchon. Non lui répond l’embrouilleur !

Il faudrait sans doute être mort de rire  de voir ainsi le ridicule s’exhiber à une heure de grande écoute, mais en réalité ce bourdon d’Assouline  sautillant au milieu de la salade médiatique  montre l’ampleur de la difficulté qui est la nôtre.

Lorsqu’ils parlent de sauver la retraite par répartition, ils disent baisse des pensions, lorsqu’ils parlent de pacte de compétitivité, ils disent baisse des salaires, lorsqu’ils disent égalité des droits ils enterrent la PMA, lorsqu’ils parlent rythmes scolaires, ils disent la privatisation du temps scolaire, lorsqu’ils parlent réforme fiscale, ils disent appauvrissement de la puissance publique, lorsqu’ils parlent socialisme ils disent ultra-libéralisme.

Ce que parler veut dire est l’élément essentiel  de la reconquête idéologique qui nous occupe. C’est pour cela que tout le plan media-training d’Assouline est basé sur une simple règle. L’empêcher de parler. Empêcher Jean-Luc Mélenchon de parler pour qui ne puisse pas dire que reculer l’âge de la retraite crée du chômage, empêcher Jean-Luc Mélenchon de parler pour qu’il ne puisse pas dire que 30 milliards donnés aux salaires  créeraient mécaniquement  emplois et recettes fiscales, empêcher Jean-Luc Mélenchon de parler pour qu’il ne puisse pas dire que l’ensemble de nos thèses sont maintenant partagées  par toutes les gauches du parti  socialiste et que la réalité finit toujours   par s’imposer.

5102475535_1ea2279e03.jpgLes techniques sont nombreuses et bien maitrisées  par le porte- parole de Solferino, pour abriter une politique de droite derrière les mots de la gauche, pour camoufler la chasse aux étrangers derrière un discours « républicain », pour déguiser une politique de l’offre en une politique au service de tous, pour dissimuler la colère qui envahit le salariat,  pour éclipser les besoins réels des populations, masquer les renoncements, planquer les turpitudes, musser les trahisons…

 Mais  lorsque le bourdon est au milieu de la salade, on ne voit plus que lui ! Et l’envie de renverser la table grandit, jusqu’au moment, pas si lointain, où tout cela explose comme une évidence.