Radicalement triste, la décision de mon camarade Nathanaël Uhl de jeter l’éponge au milieu de l’évier bouché ne me réjouit guère mais l’essentiel de la thrombose qui nous guette n’est pas là !
Que sommes-nous devenus, qu’une bande d’imbéciles marionnettes puissent insulter en toutes décomplexions un camarade parce qu’il n’est pas du même avis que le leur ?
Trancheurs de têtes dont pourtant le fil à couper le beurre ne doit rien à leur génie, lyncheurs imbéciles et avariés, stupides engeances nourries de radicalités impalpables et abstraites, vos diatribes haineuses me plongent dans une infinie tristesse.
Quel est donc le sens de notre engagement ?
La politique du quotidien pour celles et ceux qui militent pour de vrai ne porte que rarement de satisfactions. De réelles satisfactions sur le fond. Si nous supportons cette violence négative, cette obscurité déposée sur le réel, c’est parce que nous sommes d’abord engagé en politique que parce que nous refusons l’ordre injuste, l’ordre établit, l’ordre ignoble que nous subissons.
C’est juste à cela que l’on reconnait les siens.
Qu’il soit au PS ou au PC, qu’elle soit d’EELV ou du NPA n’a, pauvres ebétés, dès lors aucune importance.
Qu’il soit clairement dit que nous n’avons pas fait le chemin de la Bastille pour rien.
Ou en serions-nous ? Que serions-nous devenus ? sans cette volonté farouche de faire exister notre espoir face à la vague déferlante du social-libéralisme.
Oui, notre Front de Gauche est bien la seule stratégie qui vaille, débarrassée des naufrages de la social-démocratie, des errements du socialisme bureaucratique et autoritaire.
La vraie question est celle de sa direction. Le Front de Gauche ne peut pas établir de stratégie efficiente durable sans une direction politique légitime et collective. Son conseil national coopté dans l’urgence des besoins d’une élection présidentielle vient de montrer son incapacité à régler la plus petite des difficultés. Les élections municipales cristallisent dans un débat cruel les orientations politiques qui n’ont jamais été tranchées !
Ce n’est pas un drame, c’est une occasion.
Le moment est venu de se mettre collectivement à la hauteur des enjeux du moment. La politique libérale des gouvernants est une impasse criante pour le plus grands nombre des européens. De l’autre côté des Pyrénées, nos sœurs espagnoles font les frais des politiques réactionnaires et autoritaires qu’imposent les choix d’austérités. Chez nous la déroute du hollandisme ne parvient plus à se dissimuler derrière les agitations populistes de Valls.
La campagne présidentielle du Front de gauche a révélé ce moment où le nouveau renaissait de ses espoirs délavés, trahis, d’une "gauche" convertie à l’ordre des puissants.
Ce n’est pas, Nathanael, faire injure aux communistes que de dire que le parti de Robert Hue, et des 2% de Marie Georges Buffet n’est pas le moteur de ce renouveau, pas plus que ne l'est aujourd'hui le Parti de Gauche qui ne sait pas contenir les imbéciles insultes dont tu es l’objet depuis quelques mois.
C’est bien l’intuition unitaire du Front de Gauche qui permet le rassemblement des nôtres, ce n’est pas la logique de tel ou tel parti, fusse-t-il le grand parti communiste français !
C’est une grande tristesse de voir les siens reculer sous la pression imbécile de quelques désorientés chauffés par quelques démagogues de banlieue !
Au fond et en vrai, je veux faire partie de la même organisation que toi. Celle qui protège de cette violence négative qui si souvent gagne des militants du même camp. C’est parce que nous n’avons pas su encore doter notre projet d’une instance collective de débats et de délibérations que nous pourrions tous reculer, reculer jusqu’à échouer dans notre raison de militer.
Les désaccords du moment retardent sans aucun doute l’émergence du neuf pour autant il n’en décrédibilisent pas l’urgente nécessité !
Nous ne pouvons pas faire comme si la situation n’était pas grave, les doryphores qui œuvrent à l’échec du Front de Gauche doivent être passés à la sulfateuse, le départ de Nathanaël de notre parti est un signal d’alarme à prendre très au sérieux. Nous voilà bien avertis, que les coupeurs de têtes soient à leur tour bien prévenus, je reprends la sulfateuse et je n’ai pas l’intention de quitter mon parti, je ne laisse jamais un crime contre un ami sans punition.