mercredi 18 juin 2014

Puisque l’on ne me demande pas mon avis…

Puisque l’on ne me demande pas mon avis…

« Sentant la mort, Tolstoï prit un bâton, s’enfuit de la société qu’il reniait et s’en fut mourir en pèlerin dans un village obscur, Lafargue, épicurien doublé d’un stoïcien, vécut dans une atmosphère de paix et de méditation jusqu’à 70 ans, décida que c’en était assez et prit du poison. Jaurès, athlète de l’idée, tomba sur l’arène en combattant le plus terrible fléau de l’humanité et du genre humain : la guerre. Et il restera dans la mémoire de la postérité comme le précurseur, le prototype de l’homme supérieur qui doit naître des souffrances et des chutes, des espoirs et de la lutte. »

Il n’y a pas de moment qui puisse commander un autre.

La dynamique révolutionnaire qui soulève le meilleur des aspirations humaines est faite de la rencontre du délitement moral de la société, de ses institutions, du désarroi de ses élites, de l’insoutenable injustice des rapports sociaux et de l’étincelle de celui qui sait la jeter.

A ce point où nous en sommes, les conditions de toutes les crises qui créent le ferment d’un cours nouveau sont bel et bien réunies…

La tâche de celle et ceux qui aspirent dorénavant à l’abrégement de cette inutile souffrance que l’on inflige aux peuples du monde, n’est pas une question de moment mais une question de volonté d’agir !

Celui qui sait ordonner à la tribune de quelques inévitables conventions l’expression la plus rigoureuse d’une chaine d’idée, celui qui sait oublier le flot ininterrompu des violences dont il est l’objet de la part de la bourgeoisie apeurée, celui qui par son talent oratoire sait afficher à tout instant l’indispensable perspective du chemin qui mène à la victoire , celui qui sait agir dans le même temps, le même moment, sur l’intelligence et le cœur, sur l’esthétique et la volonté, celui-ci, doit jeter toute sa force dans le rassemblement d’action des volontés éparses, des positionnements à la petite semaine.

Agir en responsable révolutionnaire c’est d’abord s’extraire de l’influence des coulisses pour ne pas être comparé aux doctrinaires de l’opportunisme et se hisser au rang de l’idéologue actif, du philosophe marchant, du militant efficace.

Le peuple qui gronde attend un artisan bien supérieur à son outil. On ne lui fait pas au peuple le coup du « c’est parce que tu es le peuple, que tu as raison »

Il n’y a que bavardages de toutes espèces, pour ne pas admettre que l’heure est à ramasser la pensée émancipatrice là où elle en est, l’unifier en lui donnant une perspective immédiate. Il n’est plus question d’attendre je ne sais qu’elle irruption, elle est en cours. Pour transformer la situation délétère en situation d’espoir, il est vain de transformer le front de ceci en front de cela, il faut unir, à partir des contenus communs des divers groupes de la contestation sociales et donner, imposer, gagner une direction politique aux aspirations du plus grand nombre.

Sans cela, il est certain que nous soyons foudroyés, du poison que l’on cache en nous, de la tristesse stoïcienne qui nous enveloppe, ou de la guerre que l’on n’aura pas su empêcher.

Puisque l’on ne me demande pas mon avis…